Automne ensorcelant

Brr, le retour du froid…

Je n’avais jamais beaucoup aimé l’automne. Pour moi, l’automne symbolise le retour du froid, de la pluie et de la grisaille. Le retour de la mort, aussi : les feuilles tombent, dénudant outrageusement les arbres. Ces feuilles sont aussi vicieuses que les roses du renouveau : leurs attirantes couleurs chaudes ne sont qu’un leurre pour nous nuire. De même que les roses nous griffent les doigts pour se repaître de notre sang, les feuilles mortes encombrent les jardins et nous incitent à les ramasser. Alors on courbe l’échine, on glisse, on se retrouve par terre.

La dépression saisonnière nous guette, les écharpes nous étranglent. L’automne cupide nous vole : quelques billets pour un peu plus de jour, quelques billets encore pour un peu d’été.

L’automne est morose, des larmes coulent continuellement sur ses joues, faisant friser même le cheveu le plus lisse. Et même lorsqu’il est joyeux, son sourire reste timide.

Pourtant, cet automne me paraît spécial : pas tout à fait comme les autres, mais toujours empreint de cette familière odeur de petrichor. Est-ce l’âge, ou bien l’accoutumance ? Tout à coup, l’automne se drape d’un plaid chaleureux. Avec le feu dans l’âtre, l’ambiance devient cosy. C’est l’odeur du lait chaud et les débuts de feux de cheminée. Comment ai-je pu ne pas le remarquer avant ?

L’automne, c’est aussi la disparition des couleurs froides, troquées par les couleurs chaudes. La pluie se confond chaque jour un peu plus avec la rosée. Les enfants ramassent des marrons en riant et salissent leurs poches.

L’automne, c’est aussi l’odeur de la citrouille, la brume mystérieuse avant et après la nuit, le sabbat des sorcières. C’est la résurrection du païen et de Jack O’ Lantern, deux fois rejeté du monde des morts.

L’automne, c’est le froid et la mort, oui, avec tous ces chrysanthèmes qui fleurissent les cimetières. Mais c’est aussi la connexion avec l’Autre monde, le culte aux ancêtres, le commerce entre les vivants et les morts rendu possible.

L’automne, c’est le brouillard entre la mort et la vie. C’est ce lien ténu qui s’épaissit tout à coup.

Genèse

Je suis tombée un jour sur l’appel à textes d’une petite maison d’édition spécialisée dans le fantastique. L’éditeur recherchait des nouvelles sur le thème « Automne ensorcelant ». Malheureusement, je n’ai vu l’annonce qu’un an plus tard. Je n’ai donc pas pu envoyer de nouvelle, mais le thème m’a beaucoup plu, et je l’ai trouvé très inspirant. De plus, il m’a permis de me réconcilier (un peu) avec l’automne, saison que je déteste pour les raisons évoquées ci-dessus. Je me suis rendu compte en écrivant ce texte que l’automne avait tout de même quelques positifs, et, surtout, qu’il baigne dans une atmosphère bien spécifique à lui.

J’espère avoir réussi à transmettre cette prise de conscience dans ce texte. N’oubliez pas, l’automne n’est que l’antichambre de l’hiver (oui, il fait encore plus froid en hiver, mais au moins, on a parfois de la neige, et aussi les fêtes de fin d’année).

Bon, il faut avouer que l’automne nous offre quand même quelques spectacles magnifiques.

Les images utilisées dans cet article proviennent de Canva. Elles sont gratuites, et peuvent donc être utilisées à des fins commerciales et non-commerciales.

https://www.canva.com/fr_fr/conditions-generales-utilisation/free-media/